Bonjour,
Aujourd'hui, nous avons le plaisir de retrouver
Estelle pour la deuxième partie de son article consacrée à la photographie. Si vous n'avez pas d'animal à la maison, bien souvent, vous n'avez pas besoin d'aller très loin pour trouver des créatures intéressantes à photographier.... Mais je laisse la parole à Estelle:
II.
ANIMAUX SAUVAGES
Un
point sur le matériel
Il
va surtout dépendre de votre budget et du rapport de rapprochement
ou d'agrandissement que vous attendez. Avec de petits moyens, vous
pouvez vous tourner vers compacts et bridges à condition que
l'appareil possède un mode « macro » pour la photo de
proximité et un zoom suffisamment puissant pour les photos à
distance. Vous pouvez compléter ce matériel par des accessoires
pour la macrophotographie: les bonnettes, des sortes de loupes qu'on
fixe à l'appareil soit par kit (avec un adaptateur) soit grâce à
la présence d'un pas de vis de diamètre équivalent; vous obtenez
ainsi un rapport de grossissement intéressant pour prendre en photo
insectes, fleurs, gouttes... Les inconvénients majeurs de ces
appareils sont la qualité de leurs optiques, la petite taille des
capteurs et la mise au point, plus ou moins précise et automatique.
De plus vous devrez souvent focaliser sur des sujets à mobilité
réduite et plutôt par beau temps.
Le
reflex de son côté est polyvalent mais relativement onéreux
d'autant qu'il faut y adjoindre les optiques nécessaires: un
téléobjectif fixe ou zoom (une focale de 200-300mm maximum est un
minimum si on ne fait pas d'affût) pour la photo à distance ou un
objectif macro pour la photo à fort grossissement. Si vous possédez
déjà un reflex et un objectif standard (comme un 17 ou 18-55mm par
exemple) vous pouvez, pour la macrophotographie, y joindre un set de
bagues-allonge: des anneaux d'épaisseur plus ou moins importante qui
se placent entre le boîtier et l'objectif et viennent grossir
l'image. Bien moins cher qu'un objectif, ce système permet de
découvrir la macrophotographie à « petit » prix.
Patience,
observation, connaissance
La
patience est la principale des vertus dont vous aurez besoin: d'elle
découlera tout le reste. Car il n'y a rien de plus imprévisible
qu'un animal sauvage même s'il peut être habitué à la présence
humaine. La patience vous sera nécessaire aussi quand vous
apprendrez à observer autour de vous pour dénicher des animaux qui
savent extrêmement bien se camoufler. Pour les insectes,
rapprochez-vous du sol, des fleurs, des fruits, des écorces...
faites « un retour à la terre »! Regardez parfois au dos
des feuilles, sous une fleur, au niveau des racines: les cachettes
sont nombreuses. Apprenez ou réapprenez à découvrir votre
environnement que ce soit à la campagne ou à la ville: il va vous
apporter les connaissances nécessaires à vos prochaines prises de
vue. Plus vous connaissez votre environnement, plus vous connaissez
les animaux qui le peuplent, plus vous connaissez leurs habitudes et
mieux vous pourrez anticiper: savoir où vous rendre pour voir tel
animal et à quel moment de la journée, comment il peut réagir.
C'est un travail de longue haleine mais qui est joliment récompensé
à force de persévérance. Évidemment, vous adapterez en fonction
de votre temps libre et de votre tempérament.
Chaque
habitat est peuplé différemment par des espèces plus ou moins
habituées à l'homme et à des concentrations variables. En milieu
urbain, certains animaux sauvages mais familiers vous seront plus
faciles à approcher que s'ils se trouvaient en pleine forêt ou à
la campagne: tirez-en parti. Si vous aimez les animaux, tous les
sujets seront bons: du pigeon au corbeau, du canard au moineau, du
goéland à l'écureuil... Quelques exemples de milieux et leur
faune: milieu urbain, parcs et jardins (oiseaux divers, écureuils,
hérissons, insectes variés selon la flore). Eaux stagnantes et
cours d'eau: canards, cygnes, hérons, flamants roses, tortues...
Bord de mer: goélands, mouettes, cormorans, oiseaux migrateurs,
parfois otaries. Certains animaux demandent de faire de l'affût soit
parce qu'ils vivent profondément dans leur milieu soit parce qu'ils
craignent trop l'homme et/ou qu'il sont essentiellement nocturnes. Le
meilleur moment pour espérer les apercevoir est donc de privilégier
le petit matin ou la toute fin de journée, au crépuscule donc. Pour
optimiser vos chances de photographie, je vous invite à vous
concentrer sur les oiseaux à la saison froide et sur les insectes à la
saison chaude ainsi que sur les parcs zoologiques...
Oiseaux
en automne-hiver, insectes au printemps-été
A
moins d'avoir la chance d'être dans un milieu où les animaux sont
là toute l'année sans exception, vous aurez bien plus de chance de
débusquer un oiseau en hiver et un insecte en été que le
contraire! Les raisons sont simples: à l'arrivée de l'automne,
alors qu'une partie des mammifères entame son hibernation, les
arbres, eux, se dénudent, empêchant les oiseaux de bien se cacher. Et puis la nourriture se fait plus rare et
certains deviennent bien plus audacieux. Si on excepte les animaux
typiquement urbains, la majorité des oiseaux devient plus difficile
à observer en saison chaude. En revanche, chez les insectes dès le
printemps ça foisonne! Abeilles, guêpes, papillons, sauterelles,
punaises... Et aussi d'autres bestioles comme arachnides et
escargots: vous n'avez que l'embarras du choix pourvu qu'ils aient
végétal, soleil et eau à leur portée!
Précautions
Avant
de poursuivre renseignez-vous bien sur les zones et les périodes de
chasse en zone rurale; un accident est malheureusement bien vite
arrivé! Ensuite, soyez respectueux de la faune mais aussi de la
végétation: de la discrétion (c'est dans votre intérêt). Ne
manipulez pas si possible les insectes, reptiles et autres arachnides
ou à vos risques. La plupart des insectes sont inoffensifs mais
s'ils se sentent menacés ils peuvent avoir des réactions
imprévisibles donc dans le doute, abstenez-vous. En cas de
manipulation, veillez à laisser l'animal dans son milieu. Enfin, si
jamais vous trouvez un animal blessé, vous pouvez contacter
l'antenne LPO de votre département s'il s'agit d'un oiseau ou un
Centre de Faune Sauvage.
Approche
Qui
n'a pas en mémoire ces personnes qui nourrissent au grain les
pigeons des grandes villes ou qui distribuent du pain aux canards du
plan d'eau voisin? (je vous invite à ce propos à lire cet article
important sur
le nourrissage au pain). Ces pratiques attirent les animaux, vous
pouvez profiter de cette aubaine pour faire vos clichés mais vous
pouvez aussi vous en inspirer si vous possédez un jardin ou une
terrasse. Ainsi en hiver, plus particulièrement, il est possible
d'installer, en prenant soin de bien la sécuriser contre les
prédateurs, une mangeoire où vous disposerez de la nourriture pour
les oiseaux. Ce point stratégique va vous permettre de les attirer
et de pouvoir les observer puis les prendre en photo grâce au
téléobjectif ou au zoom. Comme je n'ai pas la possibilité de
tester cette technique faute de jardin, je vous invite à consulter
cet excellent article: photographier
les oiseaux au jardin.
Vous
pouvez aussi installer des nichoirs adaptés (voir chez la Ligue de
Protection des Oiseaux) et laisser la nature faire son chemin
notamment en limitant l'usage d'engrais et de pesticides chimiques
(souvent au détriment des insectes et de ceux qui s'en alimentent).
Pour attirer également les insectes, non seulement il existe
aujourd'hui des refuges (ou hôtels à insectes) mais si vous avez la
main verte vous pouvez aussi planter des végétaux qui vont les
attirer comme les fleurs à papillons.
I
Si
vous n'avez ni jardin ni terrasse comme moi, il va vous falloir
mettre vos chaussures de marche et partir à la recherche de tout ce
petit monde. N'allez pas trop vite et marquez quelques temps d'arrêt
pour examiner la végétation; un chant d'oiseau peut vous guider ou
la stridulation d'un insecte, une forme étrange, une couleur
inhabituelle. Une fois votre sujet repéré, faites-vous le plus
petit possible, bougez le moins possible. Certains oiseaux sont
tellement farouches que vous aurez beau « geler » votre
geste, ils ne s'approcheront plus de vous à moins de nombreux
mètres! Parfois les plus téméraires reviennent (le cas des geais
qui peuvent être extrêmement méfiants par moments et par d'autres
beaucoup trop absorbés par leur récolte de graines ou de brindilles
pour penser à s'enfuir). En terme de réglages, si vous utilisez
un téléobjectif, prévoyez une vitesse adéquate pour éviter le
flou de bougé: celle-ci devra être plus rapide que 1 divisé par la
focale utilisée. Par exemple si je suis à 200mm, il faudra que
j'emploie une vitesse supérieure à 1/200ème de seconde. En cas de
mode automatique, priorité à la vitesse avec les modes « sport »
ou « animaux » (suivant les appareils).
Avec
les insectes l'approche est similaire: une fois repérés, restez
calme et déplacez-vous très lentement. Quand les insectes sont très
occupés, leur attention se relâche un peu, vous pouvez en profiter
pour vous rapprocher à pas de loup ou alors rester à bonne distance
et prendre une photo de l'insecte dans son environnement! Là aussi,
une vitesse élevée sera utile pour la prise de vue si vous n'êtes
pas très stable...
Petites
astuces: les oiseaux sont vite très actifs dès l'aube. Les
insectes diurnes eux sont un peu plus léthargiques au lever et au
coucher du soleil, notamment les papillons de jour qui ont besoin de
soleil pour recharger leur batterie. Ils sont donc beaucoup moins
remuants. L'inconvénient c'est qu'il est plus difficile de repérer
un insecte immobile: seules des couleurs tranchantes avec la
végétation et une grande attention vous aideront à les débusquer.
Les lézards aiment également le soleil; ils ont tendance à fuir
mais si vous vous faites immobiles et discrets ils reviennent parfois
sur la même zone ou à peine plus loin: c'est réellement une
affaire de patience! Avec le temps vous apprendrez jusqu'à quelle
distance vous pouvez vous approcher d'un animal type.
Stabilité
Veillez
à bien prendre en main votre appareil, quel qu'il soit. Tenez le
fermement à deux mains et prenez un maximum d'appui, en variant les
positions si possible: aidez-vous des genoux, des coudes, des bras,
accroupi, en tailleur, sur le ventre, sur le dos (!), en vous servant
d'un tronc, d'un muret, du sol... Ça peut-être un exercice
difficile si vous n'avez ni l'habitude de porter un objectif lourd
(le cas pour ceux des Reflex) ni celle de vous contorsionner mais il
n'y a pas toujours le choix, surtout si vous photographiez
l'infiniment petit au ras du sol ou des oiseaux haut perchés.
Certains photographes vont utiliser un trépied pour gagner en
stabilité: si votre objectif ou votre appareil est stabilisé et que
vous ne tremblez pas trop, que votre sujet n'est pas hyper mobile,
c'est inutile ! De plus, un trépied est assez encombrant et fait...
perdre en mobilité! Avant de déclencher, si vous utilisez la mise
au point automatique (autofocus) refaites plusieurs fois la netteté
car le corps a un mouvement de balancier qui fait très vite perdre
la mise au point si vous ne déclenchez pas assez rapidement: on
préconise de déclencher entre deux battements de cœur et en apnée
de 3 secondes. Méfiez-vous également de l'écran de visionnage des
compacts et bridges: on a tendance à bouger un poil trop tôt, ce
qui occasionne des photos floues.
Cas
particulier des parcs zoologiques et aquariums
Quand
on n'a pas la possibilité d'aller aux quatre coins du monde pour
découvrir des espèces exotiques voire même nationales dans leur
milieu naturel, il reste en dernier recours les parcs et réserves
zoologiques ou encore les aquariums. Malheureusement, tous les
établissements ne se ressemblent et ne se valent pas.
Choix
du parc et approche photographique
On
peut très bien passer ainsi du parc aux enclos les plus exigus, mal
entretenus et surpeuplés à de grandes étendues appelés un peu
exagérément « réserves » mais qui présentent
l'avantage (qui peut aussi être un inconvénient) de proposer de
voir des animaux plus à l'aise dans l'espace dans lequel ils
évoluent et donc souvent plus à l'aise dans leurs « pattes »
tout simplement! Dans les petits enclos, vous aurez non seulement à
gérer toute la clôture (qui sera donc en avant plan et en arrière
plan s'il y a peu de végétation) mais aussi la promiscuité des
animaux par rapport à cette clôture. L'astuce que je vais vous
indiquer plus bas pour faire « fondre » le grillage dans
le décor ne pourra pas toujours être bien mise en pratique dans des
lieux aussi confinés. A l'inverse, les grands espaces vont vous
obliger à patienter jusqu'à ce qu'un animal veuille bien s'approcher
suffisamment pour la prise de vue, si toutefois vous avez la chance
d'avoir l'animal dans votre champ de vision.
Grillage,
barrière et autres vitres
Le
premier souci de la photo de zoo ce sont ces obstacles qui assurent à
la fois notre sécurité et celle des animaux. Pour les
grillages, vous arriverez à les faire « fondre » dans
l'image plus aisément en vous servant d'un minimum de technique:
focale longue ou zoom (100mm voire bien plus surtout si l'animal est
petit) et petite ouverture (jusque f/2.8 par exemple, f/4-5,6 en
moyenne suffisent bien souvent). Ces deux aspects combinés vont
faire en sorte de diffuser les traits des grilles. Vous aurez
peut-être besoin d'une mise au point manuelle, les compacts seront
donc désavantagés pour la plupart (sauf autofocus d'excellente
qualité). Quand c'est insuffisant comme sur la photo ci-dessous,
vous voyez encore le grillage...
La photo ci-dessus a été prise
exceptionnellement au flash car le pigeonnier était trop sombre mais
elle a révélé la présence du grillage qui crée une trame sur
l'image...
Sur cette photo-ci en revanche, avec des réglages
identiques mais un léger déplacement, plus de trame. Effacer les
obstacles dépend essentiellement d'une part de réglages mais aussi
du placement par rapport à l'obstacle et à la direction de la
lumière. Ça ne marche pas toujours aussi il ne faut pas hésiter à
tourner autour de son sujet. Ici j'étais pratiquement en face, il y
avait ainsi moins de surface de grille à « effacer »
Vous
pouvez aussi être confronté aux vitres qui peuvent vous mener la
vie dure. Si vous êtes dans un terrarium ou un aquarium en principe
la lumière est douce ou faible, ce sont les enclos eux-mêmes qui
sont les mieux éclairés. L'usage du flash est ainsi inutile voire
fortement déconseillé: d'une part vous pouvez effrayer l'animal et
de l'autre, la surface vitrée va réfléchir la lumière, vous
n'aurez donc pas forcément grand chose sur votre cliché. Pour
prendre vos photos vous allez donc devoir compter sur des modes
automatiques « nuit », « photo sans flash »
ou des réglages de grande ouverture pour compenser la vitesse et le
manque de luminosité; le trépied n'est pas toujours bien accueilli
aussi renseignez-vous bien avant vos séances.
Que
faire des reflets? Si vous utilisez un compact: peu de choses si ce
n'est de choisir bon angle (étudier comment la lumière se reflète
sur la surface et se déplacer en fonction) et cadrage adéquat pour
éviter le reflet, ou faire en sorte que celui-ci ne soit pas trop
disgracieux; c'est valable aussi pour les autres APN. Les appareils
plus perfectionnés pourront adapter à leur objectif un filtre
polarisant qui va atténuer les reflets à condition d'être à bonne
distance de la surface vitrée et d'utiliser un zoom pour se
« rapprocher » de l'animal. Attention: le filtre
polarisant réduit la luminosité de l'objectif il faudra donc
réajuster les réglages déjà délicats dans des lieux aussi
sombres. Enfin, il va parfois falloir traiter votre cliché sous
logiciel graphique afin de retrouver les couleurs naturelles
déformées par la vitre.
Les
mêmes règles qu'ailleurs...
En
parc zoologique aussi, prenez votre temps, soyez patient! Apprenez à
observer les animaux à différentes heures, vous découvrirez ainsi
leurs habitudes et des interactions qui vous permettront de fixer au
mieux leur caractère unique. Si vous avez un parc zoologique à
proximité, n'hésitez pas à revenir plusieurs fois notamment aux
premières heures d'ouverture ou avant fermeture pour une lumière
plus belle. Aidez-vous du décor disponible: s'il est fait de
végétaux, servez-vous-en; si l'enclos est peu ou « mal
meublé », privilégiez le portrait plutôt que la « photo
de groupe ». Vous pouvez aussi pousser l'audace à faire des
gros plans sur: une main (primates), une texture (peau de crocodile),
un graphisme (rayures des zèbres, mosaïque de la girafe), des yeux,
etc. Votre créativité n'a pas de limite!
Pour
pousser plus loin l'apprentissage, je vous conseille les lectures
suivantes:
Blog
Aube Nature (Cédric Girard): photo animalière, studio et
essentiellement à l'affût; aussi un livre « Photo Animalière
2e Edition », incontournable!
Blog
Auxois Nature: photo
animalière « à la billebaude » (sans affût), plein de
conseils
-
Des
magazines: Image & Nature
, Nat'Images
Il nous reste à remercier Estelle pour l'énorme travail qu'elle a fourni. La plus belle récompense que vous puissiez lui offrir, c'est de vous précipiter maintenant sur vos appareils pour mettre ses conseils en pratique et de nous envoyer vos pages pour notre challenge mensuel Animaux!